Près de la maison, des traces de sabots. Tel un signe de l'au-delà, il est venu. Sauvage, fragile, il est venu pour se dresser sur le monticule dominant la plaine. Scrutant l'horizon, le museau retroussé, il a humé le danger. Dans la neige fraîche, j' ai dessiné un cœur pour qu'il revienne. Alentours, aucune autre âme, même les oiseaux se sont tus.
Le blanc et le silence ont arrondi les formes, gommé les aspérités.
Le crissement feutré des pas marque mon empreinte dans cette apparente purification du monde. Une blancheur éphémère recouvre la terre. Mais sous la couche épaisse, la terre est inchangée.
Elle recouvre aussi les cadavres. Vous nous en aviez ainsi recouverts, tel un linceul et longtemps, j'ai eu froid.
Babygirl, enjouée, drôle, espiègle. Celle que vous aviez cachée vient de se réveiller. Maintenant, elle tambourine et crie. Elle crie sa désolation, elle crie sa haine et son amour aussi. Elle pleure sa vie rabougrie, recroquevillée sur le chagrin. Elle pleure l'amour perdu, le cher Amour.
Et les larmes en tombant ont composé un bouquet. Des roses de givre, transparentes et fragiles.